Comment choisir ses vêtements de ski : pantalon et veste

Choisir un pantalon et une  veste de ski n’est pas une mince affaire et des centaines de références se disputent le marché. Les prix font le grand écart, de moins de 100€ l’ensemble chez notre Decathlon national à plus de 500€ la veste chez certaines marques.

Qu’est-ce qui explique ces différences et quels sont les points auxquels être attentif lorsqu’arrive l’heure de faire son choix ? Voici un tour d’horizon des critères de sélection pour déterminer la meilleure option.

 

Préambule


Je ne vais pas aborder dans cet article les couches intermédiaires. Si vous débutez, il faut cependant savoir que la meilleure façon d’avoir chaud et de rester au sec est d’adopter le système multi-couches :

  • Une première couche de base très près du corps qui évacue facilement la transpiration et apporte un peu de chaleur
  • Une seconde couche qui va apporter de la chaleur et jouer son rôle en conjonction avec la première couche en emprisonnant l’air
  • Une troisième couche (veste) qui protège contre les éléments : neige, pluie, vent et aggressions extérieures

La veste chaude de type “doudoune” (bibendum mode on) est donc souvent un produit d’entrée de gamme (ou tourné avant tout vers l’aspect esthétique) peu adapté aux conditions difficiles tandis que les vestes haut de gamme se concentrent sur les caractéristiques techniques qui apportent une plus-value dans le contexte d’une troisième couche, ce que nous allons voir.

Dans le cas du pantalon, les choses sont légèrement différentes puisqu’on utilise souvent deux couches : un collant en couche de base et le pantalon en lui-même.

 

Imperméabilité et respirabilité


Ces deux facteurs sont absolument primordiaux et vont jouer le plus grand rôle dans le placement tarifaire d’une veste ou d’un pantalon tant ils conditionnent le confort ressenti une fois les lattes aux pieds. C’est le facteur à privilégier quand on souhaite optimiser son budget, surtout sur l’entrée et le milieu de gamme. Au-delà, toutes les vestes et pantalon offrent des valeurs similaires et les features ou le branding font la différence sur le plan tarifaire.

“Pour rester au chaud, il faut rester au sec.”

Pour rester au chaud, il faut rester au sec. L’imperméabilité conditionne la capacité d’un textile à ne pas laisser entrer l’eau (facile), tandis que la respirabilité mesure sa capacité à évacuer l’humidité, soit votre transpiration. Une veste de ski de bonne qualité va donc être en mesure d’évacuer rapidemment cette transpiration tout en étant une barrière efficace contre la neige et la pluie.

L’imperméabilité est mesurée en… millimètres. Cette mesure correspond à la hauteur d’une colonne d’eau à laquelle le tissu peut résister sans fuire pendant 24h. La respirabilité est quant à elle mesurée en g/m²/24h. Elle correspond à la quantité d’eau qui peut passer de l’intérieur à l’extérieur du tissu sur une surface d’un mètre carré en 24h.

Plus ces nombres sont élevés, plus le vêtement est performant. Les vestes et pantalon haut de gamme atteignent tous 20,000mm/15,000g/m²/24h, ce que vous retrouverez souvent sous la notation 20k/15k. Les vêtements très techniques, pour la rando notamment, sont même parfois 20k/20k.

 

DWR, membrane, Gore-Tex, DryRide, DryEdge


Imperméabiliser un tissu, ce n’est pas magique. En réalité, le tissu externe en nylon ou polyester n’offre pas de protection contre l’eau et peut facilement absorber l’humidité. C’est pourquoi il est recouvert d’une solution déperlante dont vous avez peut-être déjà aperçu l’acronyme sur les fiches technique : le DWR, qui signifie simplement “Durable Water Repellent”. Cette solution a pour unique but d’éviter au tissu externe de s’imbiber d’eau, ce n’est pas elle qui imperméabilise réellement votre vêtement.

Conception membrane imperméable

Pour ce faire, on trouve sous la couche externe une membrane suffisament poreuse pour laisser s’échapper la vapeur d’eau mais assez peu pour que l’eau sous sa forme liquide n’entre pas. Plusieurs technologies existent, dont le fameux Gore-Tex (qui possède de nombreuses déclinaisons comme Gore-Tex Pro, Gore-Tex Pro Shell ou Gore-Tex Active), précurseur dans le domaine et particulièrement performant avec une imperméabilité donnée à 28000mm. On trouve d’autres solutions développées ou adoptées par les grandes marques du secteur comme DryRide (Burton), DryEdge (Millet), DryVent/Hyvent (The North Face) ou H2No (Patagonia).

Gore-Tex reste toutefois une valeur sûre que certaines marques intègrent à leurs pantalons et vestes haut de gamme malgré l’emploi d’une membrane différente sur leurs autres modèles.

On trouve des constructions à 2, 2.5 ou 3 couches (2L, 2.5L, 3L) afin de protéger la membrane, optimiser le poids ou encore la robustesse. Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais pour faire simple le 2L est une construction classique et très répandue avec une doublure qui permet de protéger la membrane tout en facilitant la conception du vêtements.

La 3L est destinée aux vêtements très techniques : en l’absence de réelle doublure le vêtement est très léger et évacue très bien l’humidité, mais toutes les coutures doivent être soudées, ce qui complique la conception et fait d’autant plus augmenter le prix. Le 2.5L est utilisé principalement sur les vêtements de pluie et permet de garder poids et coûts au minimum. La demi-couche permet de protéger la membrane mais s’avère inconfortable à porter.

 

Features : juppe à neige, manchons, guêtres, coutures scellées, capuche, ventilations


Outre le côté imperméabilité et respirabilité, les vestes et pantalons se démarquent sur le plan technique par la présence de plusieurs features assez courantes qui se révèlent très confortables au jour le jour pour rester au chaud et au sec.

La juppe à neige ou jupe pare-neige est utile en poudreuse et permet d’éviter à cette dernière de s’imiscer à l’intérieur de vos vêtements par la taille. La jupe à neige côté veste est la plus courante : il s’agit d’un rabat supplémentaire avec la plupart du temps des boutons pression et une bande élastique recouverte de silicone qui permettent de la maintenir au contact de la taille. La jupe côté pantalon fonctionne plus ou moins sur le même principe et permet de couvrir la zone qui va jusqu’au nombril. Le top c’est d’avoir une veste et un pantalon compatibles où les deux jupes se zippent ou clipsent entre elles, ce qui assure 100% d’étancheité.

Veste SalomonLes manchons de veste sont eux aussi bien pratiques pour éviter l’infiltration de neige. Ils disposent d’un trou pour faire passer le pouce, évitant ainsi d’exposer les poignets aux assauts de la peuf. Ils sont particulièrement pratiques si vous utilisez des gants courts passés à l’intérieur de la veste.

Côté pantalon on trouve à ce niveau les guêtres qui, via leur bande élastique là encore siliconnée, ont pour but de rester solidaires de la chaussure pour éviter les infiltrations de neige. Les guêtres sont présentes sur tous les modèles, rien de révolutionnaire ici.

Les coutures scellées n’ont je pense pas besoin de beaucoup d’explications : elles renforcent l’étanchéité sur ces zones où les perforations d’une couture offrent une opportunité à l’eau de passer.

Quasiment toutes les vestes sont dôtées de capuche, souvent amovibles, mais toutes ne se valent pas. Pour certaines, elle est plus accessoire que réellement utilisable. Il faut en fait considérer le couple col et capuche : un col qui remonte très haut sera souvent fonctionnel et permettra de protéger son visage et faire usage de la capuche dans le blizzard. Un col bas comme on en trouve sur toutes les vestes bas de gamme s’arrête au niveau de la gorge et n’est pas conçu pour protéger le visage. La capuche est plus ou moins inutile dans la plupart des cas et, en plus de vous donner un look “anorak”, elle a souvent du mal à couvrir ne serait-ce qu’un simple bonnet, sans parler des restrictions de mouvement qu’elle impose.

Enfin, la plupart des vestes et pantalons de ski sont dôtés de zips de ventilation qu’il est possible d’ouvrir quand vous commencez à surchauffer. Ils sont pratiques pour moduler sa température corporelle et ne pas suer à grosses gouttes dans les remontées fermées ou… au bar.

 

Extras : préformage, renforts, pull-up, RECCO


On trouve d’autres features plus pratiques ou stylistiques.

Le préformage est plutôt à la mode et consiste, comme son nom l’indique, à mettre en forme les zones articulaires pour qu’elles correspondent à une position de base sur des skis ou un snowboard. Théoriquement on gagne en confort et on limite la tendance des bas de pantalons, voir des manches, à remonter. En pratique, il s’agit bien d’un extra absolument dispensable.

Les renforts ne sont eux pas nouveaux, surtout au niveau des pantalons, à l’arrière de la cheville, zone assez sensible aux aggressions extérieures.

 

Système RECCO

 

Certains pantalons sont équipés d’un système parfois appelé “pull-up” qui permet de relever et maintenir les bas de pantalon quand vous n’avez pas encore chaussé afin d’éviter de ramasser tout ce qui traine par terre ou les voir se transformer en éponge. C’est en théorie intéressant si vous devez beaucoup vous déplacer avec des chaussures classiques avant ou après vos sessions. Dans la pratique, l’intérêt varie, contrairement à votre look abominable une fois les bas de pantalon relevés.

Enfin, on termine côté sécurité avec l’intégration d’un réflecteur RECCO à certaines vestes et pantalons. Le détecteur utilisé par les secours permet de localiser les victimes d’avalanches en émettant un signal renvoyé par le réflecteur. Là encore, si le vêtement qui vous a tapé dans l’oeil l’intègre tant mieux, sinon, que faites-vous donc en zone à risque sans DVA ?

 

Coupe et style


Relégués à la fin de cet article parce qu’accessoires au confort sur ou en dehors des pistes, la coupe et le design des pantalons et vestes de ski reste un facteur souvent discriminant. Si l’offre est suffisament importante pour combler presque tout le monde à ce niveau (même si vous aurez du mal à trouver une combinaison intégrale so 90s en 2019, bien que certaines marques comme Picture la remettent au goût du jour), certaines tendances en termes de coupe existent.Pantalon Picture

Au niveau des pantalons, on trouve à un extrême du spectre les modèles très baggy qui semblent en net recul par rapport à leur boom il y a 10 ans. On aime ou on aime pas, c’est très confort pour une pratique générale, surtout en snowboard, mais pas très recommandable quand on s’aventure suffisament hors des sentiers battus pour devoir enfiler un baudrier. A l’autre extrême, les modèles skinny qui s’approchent du fuseau, qu’on retrouve beaucoup chez les femmes mais pas seulement. Certaines marques vont jusqu’à proposer des modèles imitant l’aspect jean (intégrant parfois du denim) très tendances chez les park rats aux US.

De manière générale, l’offre est concentrée sur un juste milieu, ni trop large, ni trop près du corps.

En ce qui concerne les vestes, c’est un peu pareil. Les vestes pour femme sont souvent plus cintrées mais dans l’ensemble la plupart des modèles se positionnent sur un juste milieu. Il reste quand même possible de trouver des vestes larges qui descendent presque à mi-cuisse. Avec un baggy et des moufles, il ne vous reste plus qu’à poser un autocollant “j’aime la peuf” sur votre board et adopter le style ski bum nord-américain. Une fois encore, les modèles les plus techniques sont plus près du corps dans un soucis d’optimisation du poids et de liberté de mouvement dans un contexte qui va jusqu’à la rando/alpinisme.

Le budget a bien une influence sur la coupe et le style d’un vêtement de ski. Les pantalons et vestes d’entrée de gamme vont à l’essentiel et proposent une coupe très simple. Le textile externe est souvent rigide et peu agréable à porter, tandis qu’en montant en gamme on trouve des produits bien plus souples et confortables. A partir d’un certain budget, le style entre en concurrence avec les features fonctionnelles et la performance (chez certaines marques plus que d’autres) et l’on entre dans une zone un peu grise où le coup de coeur passe parfois avant la stricte recherche du meilleur rapport performance/prix qui, pour le commun des mortels, tend à stagner à partir d’un certain point.

Le coeur de cible des fabricants n’étant pas le même, une marque comme Burton propose des produits très différents de ce que peut faire Millet par exemple, et un amateur de ski de rando qui recherche une troisième couche performante mais facilement transportable à la montée aura des attentes (et souvent un budget) bien différents de celui qui ride en park toute la journée.

 

Taille


Après ce long tour d’horizon j’en aurais presque oublié un mot rapide sur les tailles. Commander sur internet peut ne poser aucune problème ou s’avérer un peu délicat selon votre physique.

A titre personnel les pantalons ont toujours été problématiques. Le rapport tour de taille sur longueur par rapport à la taille annoncée est une équation dont chaque terme varie énormément d’une marque à l’autre et selon les coupes. J’utilise actuellement un modèle Picture en taille M pour 1m85 et 85kg (ceinture obligatoire), et j’ai parfois du descendre sur du S dans d’autres marques pour ne pas avoir à ajouter de ceinture, avec de gros problèmes au niveau longueur.

En ce qui concerne les vestes j’ai actuellement un modèle Rossignol en XL qui me sied plutôt bien si ce n’est la jupe à neige qui semble avoir davantage été taillée pour un quinquagénaire bedonnant ayant abusé du combo bière-canapé que pour le pratiquant régulier. Ce problème de jupe n’est d’ailleurs pas unique à Rossignol, je l’ai retrouvé chez de multiples marques, et je me gratte encore la tête à ce jour quand j’essaye de comprendre comment il est possible d’avoir un tel écart sur un élément élastique.

Bref, ce n’est pas une surprise, rien ne vaut un déplacement en boutique spécialisée pour trouver son bonheur sans devoir échanger trois fois sa commande.

 

Le mot de la fin


Je pense avoir couvert les principaux angles avec lesquels approcher le choix d’un pantalon ou d’une veste de ski. Si vous recherchez avant tout à rester au chaud, l’imperméabilité et la respirabilité sont les facteurs principaux à prendre en compte, couplés à de bonnes première et seconde couches.

Les modèles d’entrée de gamme proposés par les enseignes généralistes à des prix défiant toute concurrence sont à éviter. D’un autre côté, inutile de se tourner vers des modèles haut de gamme très techniques si vous comptez uniquement profiter de quelques journées de ski sous le soleil en famille.

Si j’ai oublié quelque chose, n’hésitez pas à me le signaler via les commentaires. Si vous avez aimé cet article, direction la page Facebook du site pour être prévenu de la parution des suivants.

 


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Sébastien

Papa de Glisse Alpine et homme à tout faire depuis 2016. Rideur. Editeur. Photographe. Développeur. SysAdmin. Web Perf. SEO. Marketing. Café.

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