VTT électrique : qu’est-ce que l’overrun ? Comment le régler ?

S’ils n’ont pas connu de vraie révolution, dix ans après le début de la démocratisation du VTTAE les moteurs électriques qui équipent nos montures ont avec le temps lentement évolué, notamment du côté software, permettant aux fabricants, mais aussi aux intégrateurs, de modeler leurs performances et leur comportement selon les envies.

Si certaines spécifications techniques comme le couple ou la puissance maximum délivrés sont des données purement quantitatives qui démarquent globalement peu la majorité des modèles, le caractère de chaque moteur est davantage défini non pas par sa puissance mais par l’application de celle-ci. L’un des paramètres qui régit cette application est l’overrun, que je vous propose de détailler dans cet article.

 

Qu’est-ce que l’overrun ?


L’overrun désigne la capacité d’un moteur électrique à continuer à délivrer sa puissance après l’arrêt du pédalage, pendant une courte durée qui peut aller de quelques dixièmes de secondes à quelques secondes, sur une plage généralement dégressive. Ce paramètre est aujourd’hui ajustable sur certains des moteurs via l’application qui les accompagne, alors que sur d’autres il fait partie intégrale des différents modes d’assistance. La notion de durée est ici relative, puisque l’overrun est généralement basé sur une distance, unité par ailleurs utilisée sur le plan législatif, comme nous le verrons plus loin.

« C’est […] dans une mesure importante un trait de caractère qui sépare différents moteurs. »

C’est ainsi encore dans une mesure importante un trait de caractère qui sépare différents moteurs. Même quand il est ajustable, le paramétrage par défaut effectué par le fabricant du moteur ou la marque qui utilise ce dernier sur ses cadres en dit long sur la philosophie qui l’accompagne. Les moteurs Brose, par exemple, tendent vers un overrun généreux, tandis que les anciens Yamaha tel que le PW-X sont plutôt conservateurs. A nouveau, ces généralisations sont à relativiser, puisque les choses peuvent drastiquement évoluer à l’occasion d’une mise à jour.

Le pendant de l’overrun est le pickup, qui correspond à la sensibilité du moteur à délivrer sa puissance au tout début du pédalage, dès que l’on pose le pied sur la pédale.

 

Quels avantages ?


L’overrun est avant tout un moyen de conférer au vélo une erre lors de phases où il tend à être rapidement stoppé par le terrain. Il s’avère particulièrement utile lors du passage d’obstacles et permet ainsi de garder un bon rythme dans les sections techniques où le pédalage devient difficile, soit à cause de la difficulté physique ponctuelle imposée par le franchissement combiné à la pente, soit parce que l’on a besoin de repositionner les pédales avant une impulsion pour monter une marche ou éviter de toucher un obstacle.

Il est ainsi principalement utile en montée, et s’avère une assistance supplémentaire qui capitalise sur la possibilité via l’assistance électrique de franchir des sections inabordables ou presque sur un VTT classique. Certains argueront qu’il constitue une béquille permettant, outre le défi physique, de contourner les qualités techniques nécessaires pour s’attaquer à certaines sections. D’autres mettrons en avant le fait que les gradients ridicules qu’il est possible de grimper en VTTAE justifient pleinement son emploi, ou qu’il offre une expérience plus plaisante en permettant de conserver un certain flow en montée technique.

« C’est une exploitation intelligente des possibilités offertes par le moteur. »

Accessoirement, et selon son paramétrage, l’overrun permet même sur des montées faciles de délivrer une puissance plus constante lorsque le pédalage du rider devient plus carré et erratique, par exemple en fin de longues sorties lorsque le physique est depuis longtemps partit dans la direction inverse de notre destination, en fond de vallée avec les marmottes. Cela est plus ou moins vrai selon les moteurs, par exemple DJI offre la possibilité d’ajuster le comportement dans cette phase via le « Continued Assist », ou assistance lors du pédalage.

Bref, on peut voir le verre à moitié vide et considérer que le VTTAE pousse via cette fonction à encore plus d’assistanat, ou le voir à moitié plein en estimant que c’est une exploitation intelligente des possibilités offertes par le moteur. Quid des ramifications juridiques de ces quelques dixièmes de secondes où ledit moteur pousse le vélo tout seul comme un grand, transformant l’espace d’un instant le VTT à assistance électrique en mobylette à électrons ? La loi a tout prévu, puisqu’au sein de l’Union Européenne, cette assistance ne doit pas dépasser les deux mètres, comme défini par le standard EN15194.

 

Quels inconvénients ?


Outre les tergiversations philosophiques, l’overrun tend à être adoré ou détesté, car ce qu’il confère en facilité se paie sur le plan du contrôle.

« Un overrun important […] peut s’avérer extrêmement traître en descente. »

Il est en effet extrêmement surprenant, spécialement pour un pratiquant ayant un minimum d’expérience en VTT classique, de sentir la machine le pousser vers l’avant alors que le pédalage s’est interrompu. C’est très sensible dans les sections trialisantes, et particulièrement vrai si l’on possède déjà un bagage technique permettant de placer le vélo avec précision. Nos repères sont facilement chamboulés, et si un overrun important en montée a bien des avantages à faire valoir, il peut s’avérer extrêmement traître en descente, où les conséquences sont importantes. Mention spéciale à un ami qui il y a maintenant près de dix ans a failli faire le grand saut dans une épingle en testant un prototype à l’overrun débridé.

Un overrun important est ainsi source de bien des froncements de sourcils, et de frustration parfois importante chez des pratiquants classiques qui passent au VTTAE, ou d’autres qui migrent d’un modèle à l’overrun très discret vers un autre très présent. Souvent, c’est un paramètre qui a été négligé avant l’achat, et alors que sur certains modèles il est aujourd’hui paramétrable et complètement désactivable, beaucoup ne le soupçonnent pas et passent à côté de la pince qui leur permettrait d’ôter cette épine de leur pied. Comme nous allons le voir un peu plus loin, cette dernière observation n’est certainement pas aidée par le fait que l’overrun est souvent désigné dans les applications de paramétrage sous des noms parfois peu explicites.

 

Comment trouver le meilleur réglage ?


Je tends personnellement vers le camp du zéro overrun, car à mon sens et dans mon cas particulier les désavantages ne sont pas compensés par ce que l’on y gagne. Dans un sens, ce ne sera une surprise pour aucun des habituels lecteurs Glisse Alpine, puisque ma philosophie du VTTAE se place bien davantage dans le coup de pouce physique que la satellisation vers une pratique nouvelle. Je ne ressens pas le besoin d’un coup de pouce supplémentaire pour franchir en montée (mais je n’ai pas non plus pour habitude de remonter des pistes de DH), en revanche la traîtrise d’un vélo qui ne pendant ne serait-ce qu’une fraction de seconde me propulse vers l’avant lorsque je ne le souhaite pas me hérisse les poils rien qu’à y penser.

« Tout est […] situationnel, et affaire de compromis. »

Cela étant dit, l’overrun est un outil qui dans certaines situations peut s’avérer très bénéfique. Pour ceux qui y adhèrent, il peut représenter une aide de choix dans des montées très techniques, et ses inconvénients à la descente peuvent être annulés par l’extinction du moteur, cette dernière amenant toutefois ses propres inconvénients. Tout est, encore une fois, situationnel, et affaire de compromis.

Pour celles et ceux qui ne savent pas encore dans quel camp se ranger, ce paramètre mérite d’être testé de manière exhaustive quand c’est possible, puisque comme annoncé précédemment il est parfois réglable sur une plus ou moins large plage, allant d’une petite pichenette tout juste détectable à un odieux élan sortit d’on ne sait où. Comme d’autres réglages, c’est aussi une habitude à prendre, et l’on peut y prendre goût au bout d’un certain temps d’utilisation… ou pas.

Chez Shimano, sur l’EP801, l’overrun est appelé « Assist Carry Over » et est réglable sur trois niveaux. Les moteurs DJI sont peut-être ceux qui proposent le plus d’options sur ce plan, car l’application en offre cinq. Chez Bosch, on trouve l’Extended Boost, qui sur les moteurs CX Gen 5 actuels s’adapte à la pression sur les pédales pour fournir un overrun plus ou moins long. Même type de comportement chez Fazua avec le KickOverrun. L’idée chez ces deux marques est bien de cibler le passage d’obstacle et amplifier l’impulsion du rider à leur approche.

 

Le mot de la fin


Ce qu’il faut finalement retenir, c’est que l’overrun est un paramètre crucial à considérer lors du choix d’un VTT électrique. Sur les vélos équipés de moteurs qui permettent de le régler finement, aucun problème, mais quand ce n’est pas le cas, on court le risque en passant outre d’être déçu une fois sur les singles. Il n’y a en effet pas de règle et certains préféreront un overrun généreux, tandis que d’autres n’en veulent pas ou peu. Contrairement à d’autres composants comme des suspensions, pour lesquelles un changement de comportement est dans de nombreux cas et dans une certaine mesure possible via des réglages internes ou le remplacement de certaines pièces, on se retrouve côté moteur face à une barrière logicielle.

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Sébastien

Papa de Glisse Alpine et homme à tout faire depuis 2016. Rideur. Editeur. Photographe. Développeur. SysAdmin. Web Perf. SEO. Marketing. Café.

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