Les 7 Laux à l’automne : le feu d’artifice qui clos (presque) la saison

Cet article n’est pas comme les autres.

Ayant déjà publié un topo complet sur le bikepark des 7 Laux il y a peu, en rajouter une couche n’avait pas de sens. Après tout, Glisse Alpine n’a pas pour vocation de relater mes moindres faits et gestes, mais est bel et bien un outil destiné à partager mon expérience, mes découvertes, et avant tout vous aider.

Mais, à y réfléchir, Glisse Alpine c’est aussi un site avec de plus en plus de compte-rendus de sorties. Des compte-rendus qui visent à vous donner envie de poser vos roues où j’ai fait tourner les miennes. Vous faire découvrir les petits coins de paradis qui m’ont fait rêver, la tête dans les nuages, sur les sommets, avant de redescendre dans la vallée. Et la journée que je m’apprête à vous conter est restée gravée en moi, tant et si bien qu’une fois la semaine bien entamée, je n’ai pu m’empêcher de continuer à contempler les photos de ce dimanche ensoleillé.

 

7 Laux bikepark - Crête
Vue vers Grenoble depuis Crête. Ou comment rider si proche de la civilisation, des remontées, tout en se perdant en pleine forêt pour les occulter.

 

Bref, cet article est le récit d’une journée d’automne sur le bikepark des 7 Laux. Une journée arrivant à point nommé, après deux semaines de précipitations. Une journée qui sent bon la terre humide, jonchée de feuilles tout juste tombées et parsemée de mousse verdoyante qui s’étale à l’infini sur les secret spots de la station. Le tout savamment baigné d’une lumière rasante éclairant de façon presque divine la fôret en pleine métamorphose automnale.

Une journée d’anthologie, à nulle autre pareille, pinacle d’une saison un peu particulière.

 

Let’s roll


Deux semaines après l’Indian Summer, le grand rassemblement automnal sur les pistes des 7 Laux, le domaine est toujours ouvert. Après quinze jours d’un temps à faire grimacer le baromètre, le soleil daigne enfin montrer à nouveau le bout de son nez.

“Après quinze jours d’un temps à faire grimacer le baromètre, le soleil daigne enfin montrer à nouveau le bout de son nez.”

Cet épisode pluvieux fut en réalité un mal pour un bien : il a profité aux Pieds à Terre qui ont fait un travail remarquable depuis la fin officielle de la saison d’été.

Jasse a fait peau neuve sur le haut du domaine, même si le volume de passage réduit malheureusement l’entretien des shapeurs à une oeuvre temporaire. Une nouvelle piste, en face de la sortie du télésiège, a été ouverte pour offrir une alternative lors de la descente sur le lac. Plusieurs sections de Cortillets et Hard’Oisière ont aussi été reprises, permettant quelques secondes d’un repos salvateur entre deux passages exigeants.

 

7 Laux bikepark - Crête
Descente sur la crête avant de plonger sur l’autre versant.

 

Notre session de la journée, préparée depuis plus d’une semaine, rassemble une fine équipe de rideurs venus de toute la région.

Je monte depuis Grenoble avec Erik, qui n’a pas roulé depuis notre dernière escapade commune cet été sur la station. Jérôme nous rejoint depuis Chambéry. Il est le lièvre que je m’efforce de suivre sans jamais y parvenir. Simon, qui a passé l’été dans les cartons, est l’initiateur de cette journée, l’occasion pour lui de se remettre en selle pour la seconde fois en quinze jours, après que je lui ai fait découvrir le bikepark pendant l’Indian Summer. Enfin, son ami Gauthier nous accompagne, sans vraiment avoir idée de ce qui l’attend.

 

Jasse : le point de vue culminant


Le télésiège Chamois est particulièrement anticlimaxique. Six cent mètres de dénivelé positif, difficilements gravis au bout de ce qui semble être une éternité. On monte tranquillement, puis on redescend. Puis on remonte enfin pour s’arrêter juste en dessous des deux mille mètres.

Le vent et le froid sont là pour nous rappeler que nous ne sommes plus en été. Le timide soleil qui joue à cache-cache derrière les derniers nuages accrochés aux sommets peine à nous réchauffer.

“Rouler dans cette atmosphère a un petit quelque chose de spécial.”

Un sentiment particulier s’installe dans ces conditions. Un peu comme lors de notre week-end fin septembre dans le Queyras l’an dernier. Le vélo de montagne, plus encore le DH, sont associés à l’été. La saison est limitée à quelques mois, à cause des conditions météorologiques, mais aussi en descente de la fréquentation concentrée sur les vacances scolaires, qui conditionne l’ouverture des remontées mécaniques.

Le bassin grenoblois et la proximité avec Chambéry offrent une fréquentation locale à la station, qui permet au bikepark des 7 Laux de continuer à ouvrir jusqu’aux premières neiges. Rouler dans cette atmosphère a un petit quelque chose de spécial. La sensation d’être privilégié, de pouvoir continuer à rider dans un cadre fabuleux alors que le reste de la France a repris le travail, loin des montagnes.

Jasse offre une vue dominante sur vallée du Grésivaudan et la Chartreuse. Les braking bumps taille 5XL ont disparu grâce au labeur des shapeurs, et l’on peut apprécier les virages relevés qui se succèdent, et qui, selon la légende, peuvent se prendre sans toucher aux freins…

 

7 Laux bikepark - Jasse
Les virages relevé sur Jasse donnent parfois l’impression d’être au bord du gouffre.

 

Déjà, le terrain a majoritairement séché mais reste légèrement humide, offrant un grip bien meilleur qu’après des semaines sans la moindre goutte de pluie.

“Pour un run de chauffe, les sensations sont déjà excellentes.”

Depuis le lac, la section large qui descend à droite de la piste 4×4 a été réouverte. L’occasion d’ouvrir les gaz et prendre les quelques tables et doubles, avant l’arrivée dans un relevé à droite à pleine balle. Assez boueuse, cette section s’avère des plus amusantes : peu de grip, la sensation de décoller trois kilos de boue par mètre de piste avalée, et une arrivée dans le virage qui ne demande qu’à brusquer le vélo pour le faire subitement changer de direction.

Je suis Jérôme – enfin, j’essaye – sur Bel Dina. En sous-bois, le sol est encore plus humide, sans devenir boueux. Les crampons de mes Magic Mary s’enfoncent profondément dans la terre, le grip est impressionnant. Je ne sais pas si voir Jérôme enrouler chaque virage sur son Mondraker devant moi me donne des ailes ou si ma molette de rebond me joue des tours, mais le Tues me semble plus vif que d’habitude.

Pour un run de chauffe, les sensations sont déjà excellentes.

 

Crête, Hard’Oisière : la piste qui en met plein les yeux


Crête, qui se poursuit sur Hard’Oisière, est peut-être la piste le plus typée enduro du domaine. C’est aussi la piste préférée de pas mal de rideurs. Etroite, elle permet d’enchainer les virages serrés entre deux passages sur rocher ou en pente prononcée, avant d’entrer en forêt.

 

7 Laux bikepark - Crête
Crête fait varier les plaisirs et les lignes par endroits malgré un single parfois étroit.

 

Basculer sur ce versant nous permet d’en prendre plein les yeux. Les couleurs de l’automne, bien qu’elles se fassent encore timides, subliment ce spot magnifique. On aperçoit au loin Grenoble, encadré par la Chartreuse et le Vercors. Le soleil nous réchauffe lentement, et en me positionnant sur le bord de la piste, reflex en main, chacun de mes pas fait remonter les effluves de la végétation d’altitude.

“Il y a définitivement quelque chose de particulier qui se produit à l’automne.”

Il y a définitivement quelque chose de particulier qui se produit à l’automne. Le rush de l’été n’est plus. La nature semble avoir retrouvé son calme. La fraicheur exacerbe nos sens. Le soleil reste bas et une sérénité bénévolente nous entoure.

Collé contre un sapin, je fais quelque cliché supplémentaires. Gauthier a crevé, et je suis parti en repérage avec Jérôme pour prendre quelques photos du groupe à la descente. L’occasion de se poser et profiter du moment, dans la quiétude la plus totale.

Nous attendons qu’ils nous rejoignent avant de repartir de plus belle.

 

7 Laux bikepark - Crête
Plein gaz sur Crête.

 

Freeride dans la mousse : le spot de rêve


Cela faisait un moment que j’en entendais parler. Le secret spot. Celui à connaitre. Celui du freeride dans la mousse.

“Bref, c’était juste jouissif.”

Et puis, lors de l’Indian Summer, j’ai appris qu’il y en avait plusieurs. On m’a fait découvrir le secret spot numéro un, qui s’enfonce dans une forêt sombre et dense. Aux commandes d’un Polygon DH9 à l’impressionnante vivacité, avec la sensation de rider de nuit derrière mon masque de catégorie 3, j’ai pu éprouver le tapis de verdure sur lequel une monotrace créée de toutes pièces par le passage de gros vélos serpentait de bosse à bosse. Passer d’une piste à cette trace, c’était comme découvrir le hors-piste l’hiver. Le hors-piste dans le brouillard dans mon cas, puisque je n’y voyais pas grand chose. Rider aux sensations, la base quoi.

Bref, c’était juste jouissif.

 

7 Laux bikepark - Secret spot dans la mousse
Des arbres. De la terre meuble et humide. De la pente. Du soleil. What else ?

 

Aujourd’hui, j’ai découvert le secret spot numéro 2. Leur nombre exact reste toutefois à déterminer. Quand j’en entends parler, personne ne semble évoquer les mêmes. Une navigation un peu à l’image du triangle des Bermudes en somme : on sait à peu près par où on rentre et où on sort, mais le flou reigne sur ce qu’il se passe une fois à l’intérieur. Quoi qu’il en soit, ces secret spots seraient, parait-il, infinis.

“[…] on peut presque sentir l’odeur de la terre accrochée aux goutelettes d’humidité en suspension…”

Le secret spot du jour était particulier. Un peu comme dans ces films pseudo-médiévaux, avec des forêts enchantées aux couleurs folles. Celles où l’on peut presque sentir l’odeur de la terre accrochée aux goutelettes d’humidité en suspension rendues visibles par des rayons de soleil dont on ne sait trop d’où ils sortent. Et bien là, c’était pareil. Mais dans la vraie vie, pas sur un écran.

Vous avez sans doute déjà vu ces vidéos où les top riders prennent chaque virage en soulevant dix kilos de terre moite à chaque virage. Ces vidéos tournées quasi-exclusivement en Colombie Britanique, BC pour les intimes. Et bien là, c’était pareil. Bon d’accord, on ne soulevait peut-être pas nos dix décimètre-cube de terre – nous ne sommes après tout pas des top riders -, mais il y avait de quoi s’enfoncer, prendre appui, flotter, en un mot, s’éclater.

 

7 Laux bikepark - Secret spot dans la mousse
Gaulthier à la charge dans la mousse…

 

Bref, le spot parfait. Le presque freeride accessible au rideur presque moyen sans qu’il ne doive s’exiler dans un pays lointain. Celui qui crie “revient” à tue-tête et dont on ne se remet jamais. Celui auquel tous seront comparés, sans jamais l’égaler.

 

Le rideau tombe sur la saison 2017


Toute la journée, nous avons roulé. De ces conditions, impossible de se lasser.

“On ne fait pas d’omelette sans casser des oeufs.”

Ce n’est qu’au moment d’offrir un lavage bien mérité à mon étalon à deux roues que je l’ai remarquée. La balafre de quelques centimètres s’étendait sur mon hauban comme la griffure d’un tigre du Bengale sur la cuisse d’une antilope. Fragile et vulnérable peau aux couleurs attrayantes, la couche de peinture écaillée formait une blessure qu’on eut crut tailladée par de longues dents, mettant à nu l’ossature de ma monture. Assez profonde pour que je sente au touché quelques fibres de carbone se déliter.

J’ai ainsi trouvé ce que pendant un long moment nous avions cherché. Qu’est-ce qui avait bien pu provoquer cette longue marque blanche sur l’unique caillou de cette descente dans la mousse ? Celui qui m’avait fait chuter de manière assez grotesque, à basse vitesse ?

 

7 Laux Bikepark - Porte-vélo naturel
Le bikepark offre naturellement de quoi ranger les vélos à la pause… Que demander de plus ?

 

Et pourtant, la pensée d’un remplacement de pièce à plusieurs centaines d’euros m’émeut peu. On ne fait pas d’omelette sans casser des oeufs. Mon Tues a déjà supporté son lot de mauvais traitements. Une réception désastreuse qui me vit chanceler devant le regard inquiet des pompiers. Des roulé-boulés réguliers qui vinrent souvent l’éprouver. Business as usual en somme.

Une journée sans blessure est déjà une bonne journée.  Et cette journée était magnifique.

 

7 Laux bikepark
Le cliché qui symbolise bien cette journée : Jérôme en pleine contemplation.

 

Ainsi s’achève ma saison 2017. Enfin, plus ou moins.

Une page est sur le point de se tourner. Mon Zesty n’a vu le jour qu’à travers des carreaux depuis cet été. Sa dernière grande sortie au Col Vieux, dans le fin fond du Queyras, était elle aussi un bel au revoir. Si son successeur n’a pas encore été désigné, il devra être trouvé avant le printemps.

Le Lapierre noir et bleu m’aura emmené en cinq ans sur la plupart des massifs français. Il m’aura fait découvrir le ride en bikepark, la boue hivernale en campagne, les plateaux auvergnats ventés, les sommets enneigés.

Si les conditions actuelles se maintiennent, je roulerai encore peut-être un peu en park cet automne. Mais la neige peut tomber demain, je ne regretterai rien.

Les snows sont fartés, les pneus neige montés. Winter is coming ? Bring it on !

 


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Sébastien

Papa de Glisse Alpine et homme à tout faire depuis 2016. Rideur. Editeur. Photographe. Développeur. SysAdmin. Web Perf. SEO. Marketing. Café.

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2 commentaires sur “Les 7 Laux à l’automne : le feu d’artifice qui clos (presque) la saison

  • 24 août 2018 à 14 h 27 min
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    “Jasse offre une vue dominante sur vallée du Grésivaudan et la Chartreuse. Les braking bumps taille 5XL ont disparu grâce au labeur des shapeurs, et l’on peut apprécier les virages relevés qui se succèdent, et qui, selon la légende, peuvent se prendre sans toucher aux freins…”

    Est ce que cette légende est sérieuse ? A chaque fois que j’y ride (encore hier) je pense à ce passage de ton billet et cela me fait sourire, me rend perplexe et je me dis que je suis bien un pleutre, une quiche à toucher autant aux freins 🙂

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    • 24 août 2018 à 20 h 25 min
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      Haha ! J’ai en effet ouï-dire que sur cette piste’un petit groupe s’amusait régulièrement à chercher qui pourrait aller le plus loin sans freiner…

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